Author(s): Florence Lojacono
Journal: Studii si Cercetari Filologice : Seria Limbi Romanice
ISSN 1843-3979
Volume: 4;
Issue: HS;
Start page: 76;
Date: 2010;
Keywords: exotisme | Loti | Le Clezio | Segalen | îles | femmes
ABSTRACT
Depuis la découverte du nouveau monde, le regard porté sur les terres lointaines est essentiellement masculin. Dans Le Chercheur d’or (1985), Voyage à Rodrigues (1986) et La Quarantaine (1995) de J.M.G. Le Clézio, comme dans Le Mariage de Loti (1880), la femme indigène est décrite selon l’imaginaire qu’elle évoque, selon les mondes qu’elle ressuscite, mais jamais selon ce qu’elle est. Mi-ouistiti, mi-canéphore antique, ce qui est toujours refusé à la femme indigène, c’est le statut de sujet, ici et maintenant. Et pourtant, ou à cause de cela, elle a un rôle clé dans la littérature exotique : c’est grâce à elle que l’homme occidental pourra se régénérer. Les descriptions des femmes indigènes faites par les Européens, en particulier l’examen des analogies employées, nous renseignent plus sur les aspirations et les cicatrices de la civilisation occidentale qu’elles ne brossent un quelconque tableau des antipodes. Si la femme indigène n’atteint pas le rang de sujet, c’est que cela nuirait à sa mission : permettre à l’homme de croire au recommencement possible. Le mythe de l’origine a déplacé son centre de gravité : de la terre à la femme. L’idéal restant, bien sûr, la combinaison de la terre la plus mythique – l’île – et de la possession la plus symbolique: la femme.
Journal: Studii si Cercetari Filologice : Seria Limbi Romanice
ISSN 1843-3979
Volume: 4;
Issue: HS;
Start page: 76;
Date: 2010;
Keywords: exotisme | Loti | Le Clezio | Segalen | îles | femmes
ABSTRACT
Depuis la découverte du nouveau monde, le regard porté sur les terres lointaines est essentiellement masculin. Dans Le Chercheur d’or (1985), Voyage à Rodrigues (1986) et La Quarantaine (1995) de J.M.G. Le Clézio, comme dans Le Mariage de Loti (1880), la femme indigène est décrite selon l’imaginaire qu’elle évoque, selon les mondes qu’elle ressuscite, mais jamais selon ce qu’elle est. Mi-ouistiti, mi-canéphore antique, ce qui est toujours refusé à la femme indigène, c’est le statut de sujet, ici et maintenant. Et pourtant, ou à cause de cela, elle a un rôle clé dans la littérature exotique : c’est grâce à elle que l’homme occidental pourra se régénérer. Les descriptions des femmes indigènes faites par les Européens, en particulier l’examen des analogies employées, nous renseignent plus sur les aspirations et les cicatrices de la civilisation occidentale qu’elles ne brossent un quelconque tableau des antipodes. Si la femme indigène n’atteint pas le rang de sujet, c’est que cela nuirait à sa mission : permettre à l’homme de croire au recommencement possible. Le mythe de l’origine a déplacé son centre de gravité : de la terre à la femme. L’idéal restant, bien sûr, la combinaison de la terre la plus mythique – l’île – et de la possession la plus symbolique: la femme.