Author(s): Lucie Goujard
Journal: Apparence(s) : Histoire et Culture du Paraître
ISSN 1954-3778
Issue: 3;
Date: 2009;
Original page
Keywords: France | Photography | picturesque | naturalism | poverty | Northern France | Paris | England | Belgium | Paris | Photographie | pittoresque | naturalisme | pauvreté | France | Nord de la France | Angleterre | Belgique
ABSTRACT
Partant d’un constat, la difficulté de retrouver des reportages sur la pauvreté dans les collections françaises de photographies, l’article se propose de démontrer l’existence d’un autre modèle esthétique déterminant. En effet, longtemps construites à partir des modèles des Beaux-arts et du théâtre, une partie des photographies conservées du XIXe siècle est fondée sur un principe de mise en scène apparu dès les années 1850. Dans les cas des tableaux vivants, portraits et scènes de genre photographiques, les sujets sont le plus souvent puisés dans la tradition picturale, effectivement prétexte aux figures de pauvreté. Il paraissait donc intéressant de reporter la question lorsque la photographie dite « instantanée » est mise au point, à la fin du XIXe siècle, et renouvelle en profondeur les formes de l’image. On constate que si cette dernière offre l’accès très attendu à l’enregistrement direct de la réalité, elle ne fait pour autant pas disparaître la pratique, devenue traditionnelle, des mises en scène. Au contraire, celles-ci sont désormais enregistrées en pleine rue, en pleine action (petits métiers, mendiants, bohémiens) et ainsi rendues plausibles grâce à un effet de « scène prise sur le vif ». Oscillant entre reportage et pittoresque, cette pratique singulière de l’instantané offre incontestablement un univers visuel original. Mais, les mêmes images investissent dans le même temps plus silencieusement les dictionnaires, revues, ouvrages scolaires, etc. Privées de leur contexte de production, elles y sont présentées avec succès comme images de documentation. Ce paradoxe amène à soulever certaines interrogations quant aux relations, plus ou moins délibérées, entretenues jusqu’à aujourd’hui par la photographie documentaire avec les canons pittoresques.Since it is very difficult to find reports on poverty in the French collections of photographs, the article tries to establish the existence of another decisive aesthetic model. In the case of living pictures, portraits and photographic scenes, subjects are most often drawn from the pictorial tradition, actually a pretext for appearances of poverty. It seemed therefore interesting to see the question when the photograph called "snapshot" is developed in the late XIXth century and deeply renewed lines of the image. Even if snapshot offers a direct capture of the reality, it does not necessarily eradicate the practice of staging, become traditional. Instead, they are now shot in the street, in action (craftsmen, beggars, gipsies) and then credible thanks to an effect of "scenes taken from life." Oscillating between reporting and picturesque, this snapshot practice offers an original visual universe. But the same images invest at the same time, dictionaries, magazines, schoolbooks, etc. Deprived of their production context, they are successfully represented as images of documentation. This paradox leads to debate questions about the relationship, more or less deliberate, maintained until today by documentary photography approaches.
Journal: Apparence(s) : Histoire et Culture du Paraître
ISSN 1954-3778
Issue: 3;
Date: 2009;
Original page
Keywords: France | Photography | picturesque | naturalism | poverty | Northern France | Paris | England | Belgium | Paris | Photographie | pittoresque | naturalisme | pauvreté | France | Nord de la France | Angleterre | Belgique
ABSTRACT
Partant d’un constat, la difficulté de retrouver des reportages sur la pauvreté dans les collections françaises de photographies, l’article se propose de démontrer l’existence d’un autre modèle esthétique déterminant. En effet, longtemps construites à partir des modèles des Beaux-arts et du théâtre, une partie des photographies conservées du XIXe siècle est fondée sur un principe de mise en scène apparu dès les années 1850. Dans les cas des tableaux vivants, portraits et scènes de genre photographiques, les sujets sont le plus souvent puisés dans la tradition picturale, effectivement prétexte aux figures de pauvreté. Il paraissait donc intéressant de reporter la question lorsque la photographie dite « instantanée » est mise au point, à la fin du XIXe siècle, et renouvelle en profondeur les formes de l’image. On constate que si cette dernière offre l’accès très attendu à l’enregistrement direct de la réalité, elle ne fait pour autant pas disparaître la pratique, devenue traditionnelle, des mises en scène. Au contraire, celles-ci sont désormais enregistrées en pleine rue, en pleine action (petits métiers, mendiants, bohémiens) et ainsi rendues plausibles grâce à un effet de « scène prise sur le vif ». Oscillant entre reportage et pittoresque, cette pratique singulière de l’instantané offre incontestablement un univers visuel original. Mais, les mêmes images investissent dans le même temps plus silencieusement les dictionnaires, revues, ouvrages scolaires, etc. Privées de leur contexte de production, elles y sont présentées avec succès comme images de documentation. Ce paradoxe amène à soulever certaines interrogations quant aux relations, plus ou moins délibérées, entretenues jusqu’à aujourd’hui par la photographie documentaire avec les canons pittoresques.Since it is very difficult to find reports on poverty in the French collections of photographs, the article tries to establish the existence of another decisive aesthetic model. In the case of living pictures, portraits and photographic scenes, subjects are most often drawn from the pictorial tradition, actually a pretext for appearances of poverty. It seemed therefore interesting to see the question when the photograph called "snapshot" is developed in the late XIXth century and deeply renewed lines of the image. Even if snapshot offers a direct capture of the reality, it does not necessarily eradicate the practice of staging, become traditional. Instead, they are now shot in the street, in action (craftsmen, beggars, gipsies) and then credible thanks to an effect of "scenes taken from life." Oscillating between reporting and picturesque, this snapshot practice offers an original visual universe. But the same images invest at the same time, dictionaries, magazines, schoolbooks, etc. Deprived of their production context, they are successfully represented as images of documentation. This paradox leads to debate questions about the relationship, more or less deliberate, maintained until today by documentary photography approaches.